Masterclass d'Hadrien Bichet et d’Emmanuel Georges
Mardi 25 novembre, Emmanuel Georges, producteur chez Supermouche Productions, a raconté anecdotes et souvenirs autour de La Vengeance au triple galop et Connemara. Hadrien Bichet, co-scénariste et collaborateur artistique d’Alex Lutz, a partagé ses conseils pour adapter un livre au cinéma. La Masterclass a également levé le voile sur les coulisses d’une collaboration avec un réalisateur comme Alex Lutz.
La rencontre était animée par Aurore Renaut, Directrice de l’IECA et Maîtresse de Conférences.
👇 Retrouvez ci-dessous quelques extraits marquants de cette masterclass.
📺 Pour la version complète, la captation vidéo est disponible sur UL TV.
Rencontre avec Alex Lutz :
Hadrien Bichet :
« J’ai rencontré Alex alors que j’étais premier assistant réalisateur, assez jeune. Je n’avais pas fait d’études, j’ai démarré sur le terrain et suis devenu premier assistant à 19 ans. Dix ans plus tard, le producteur de Guy me propose de rencontrer Alex. Pour être honnête, je ne connaissais pas son univers : je regarde trois sketches, certains sont drôles mais pas dingues. Je ne connaissais pas non plus Catherine et Liliane, je n’avais pas Canal+. Je lui dis que ça ne m’intéresse pas.
Mais le producteur Oury Milshtein me dit : “Si, Alex est plus intéressant qu’il n’y paraît, rencontre-le.” Deux ou trois mois avant le tournage, je le rencontre. Il me tend une feuille avec le concept du film et me dit : “Voilà, c’est super, on va faire un super film.” Je trouve ça naïf et lui dis qu’on ne peut pas partir uniquement de ça, il faut qu’on comprenne un peu plus le projet. L’idée d’Alex était juste de suivre une caméra qui accompagne un crooner qu’il allait jouer, un peu comme un Herbert Léonard. On est partis de là, on a commencé à écrire ensemble, à conceptualiser le tournage. C’était le début de l’aventure. Le film a eu beaucoup de succès, a remporté un César du meilleur acteur et de la meilleure musique, et ça nous a lancés vers d’autres projets, comme Une nuit et Connemara. »
Emmanuel Georges :
« Moi, c’était différent. Je suis un vrai enfant de la télé et je suivais Alex sur Catherine et Liliane et ses spectacles vivants. J’avais vu son premier ou deuxième seul en scène et je trouvais ça hyper intéressant. Un jour, je découvre Guy, et je suis littéralement subjugé : le film, sa performance d’acteur, l’audace… tout me plaît. Je me dis qu’il faut que je travaille avec lui. Par chance, je travaillais avec son producteur de spectacles, Jean-Marc Dumontet. Un jour, il me propose un projet où Alex aurait carte blanche pour un unitaire télé ou une mini-série. J’étais fébrile. On se rencontre, il me tend une feuille et on discute. Je lui dis qu’il va vraiment falloir écrire. C’est le premier contact et le début de notre collaboration. À cette occasion, on parle aussi de littérature, de Nicolas Mathieu, et les choses se précipitent, car nous sommes tombés amoureux de son univers. »
Production de La Vengeance au triple galop :
Emmanuel Georges :
« Le terme “commando” correspond bien à Alex. Avant de commencer, nous préparions La Vengeance au triple galop, une parodie d’un soap opéra australien. Alex commence à me citer un casting improbable : Marion Cotillard, Leïla Bekhti, Gaspard Ulliel, Karine Viard… Je me dis que c’est impossible. Puis il me dit : “On a 15 jours de tournage, et on va y arriver.” Et il y arrive.
Rien n’est laissé au hasard, même dans des dialogues interminables. Nous avons optimisé le temps et les déplacements : tous les décors étaient concentrés sur un périmètre de 300 mètres. Parfois, on tournait un décor pendant qu’un autre jouait. Les comédiens étaient débordés, mais Alex savait les guider. Travailler avec lui demande d’être attentif, de comprendre son fonctionnement et de ne pas avoir peur. Son cinéma est libre, audacieux, et on n’en sort jamais indifférent. »
Adaptation du livre Connemara :
Hadrien Bichet :
« Adapter Connemara de Nicolas Mathieu n’a pas été facile. Son écriture est très cinématographique mais difficile à transcrire : le roman alterne passé et présent, suivant différents personnages sur plusieurs âges. Transposer cela au cinéma avec des flashbacks aurait été ennuyeux et confus.
L’objectif n’était pas de coller au texte, mais de restituer la sensation qu’il dégage. Cela implique de réfléchir à la forme, au scénario, à l’équipe, à la caméra et à la lumière. Tout doit se rejoindre pour que le spectateur ressente le livre. »
Les repérages :
Emmanuel Georges :
« Quand j’ai commencé les repérages, je savais qu’on pouvait tourner presque tout sur place, à Épinal. Je connaissais le livre par cœur et voyais où chaque scène pouvait se passer. L’équipe a découvert les lieux progressivement, et Alex confirmait : “On peut tout tourner ici.” Ensuite, il a fallu adapter le scénario pour que la géographie corresponde aux lieux choisis. Cette préparation a été cruciale pour économiser du temps et simplifier la production. Notre connaissance des soutiens locaux a été un atout important. »



