Vendredi 19 septembre, Hubert Charuel faisait son grand retour dans l’amphithéâtre où il suivait ses cours en 2005/2006 ! Mais cette fois-ci, c’est de l’autre côté qu’il s’est installé : non plus en étudiant, mais en invité venu partager son expérience de réalisateur lors d’une masterclass.

La rencontre était animée par Aurore Renaut, Directrice de l’IECA et Maîtresse de Conférences, et par Régis Latouche, Maître de Conférences.

👇 Retrouvez ci-dessous quelques extraits marquants de cette masterclass.
📺 Pour la version complète, la captation vidéo est disponible sur UL TV.

Sur le casting de Météors
« Le casting principal de Météors : Paul Kircher, Idir Azougli et Salif Cissé. On est partis avec trois comédiens principaux. Ils ne se connaissaient pas et il fallait créer une alchimie entre ces trois personnes. On avait prévu énormément de temps de répétition, mais en fait, au bout de trois jours on s’est rendu compte qu’il se passait déjà quelque chose entre eux, et que l’alchimie allait opérer, même sans nous. »

Sur Diagonal du vide
« Je m’étais dit que ce serait peut-être le seul film que je ferais de ma vie. […] Quand on est en production à la Fémis, on est bien placés pour savoir qu’obtenir des financements, c’est compliqué. L’école nous donnait un budget, je ne sais plus combien exactement, autour de 7 000 € par projet. Je me suis dit : “Ok, j’ai de l’argent pour faire un court métrage, donc je vais tout mettre dedans.”

Évidemment, il y avait déjà le film social, le burlesque, la comédie. Moi, j’ai grandi dans les années 1990-2000. Les films à la mode, c’était Snatch, les films de Guy Ritchie. J’aimais aussi le côté duo, parce que j’ai grandi avec les films de Jean-Marie Poiré, Les Visiteurs, L’Opération Corned-Beef. Donc j’ai tout mis dedans. Et finalement, cette alternance entre les genres, c’est ce qui a défini notre cinéma (avec Claude Le Pape). »

Sur les acteurs non pro
« On avait un budget très serré sur Météors. Un euro est un euro : si on peut prendre quelqu’un de l’équipe comme acteur, il est déjà logé, on n’a pas besoin de le faire venir. C’est autant de frais qu’on peut mettre ailleurs. Travailler avec des non-professionnels, ça donne une autre patte, ça crée une synergie positive. Les gens ont envie de jouer, ils sont super motivés. Comme ils ne se sentent pas complètement à leur place, ils veulent défendre leur bifteck, et ça se sent. »

Sur le titre Petit Paysan
« On avait une liste de trente titres, avec des choses comme À mesure qu’elles tombent, Maverick, Pierre et le veau, Petit Paysan… Rien n’était évident. Et puis Claude (Le Pape) m’a dit : “Tu m’as toujours raconté que tes parents étaient des petits paysans.” En fait, je parlais du métier de mes parents, mais aussi d’une vision de l’agriculture, à ce moment-là. Et Pierre, c’est un petit paysan, avec tout ce que ça représente : son combat contre la grosse machine agroalimentaire. D’un coup, c’est devenu évident que c’était ce titre-là. »

Sur le bien-être des vaches
« On les a laissées s’habituer pendant une semaine. On s’était dit : on prend une semaine de tournage, et dans cette semaine, il y aura sûrement trois ou quatre jours où les vaches auront peur de la caméra et de l’équipe technique, le temps de comprendre qu’on n’est pas là pour leur faire de mal. Peut-être qu’on devrait jeter tout ce qu’on aura tourné. D’ailleurs, Météors, c’était l’antithèse de ça. On a vraiment été écoresponsables, on a tellement comprimé le tournage qu’on a dû retirer seulement deux séquences de tout le film.
En vrai, les vaches, en 48 heures, elles avaient compris que tout le monde était gentil. Et très vite, on a pu rentrer beaucoup d’images. »

Sur le cadre légal avec des animaux
« D’un point de vue légal, on est obligés de passer par des dresseurs animaliers. Même pour un détail : si Swan Arlaud se fait écraser le pied par une vache et qu’il perd un orteil, c’est contre le dresseur animalier que les assurances vont se retourner, pas contre la boîte de prod. C’est pour ça qu’ils sont payés très cher. Un jour, le directeur de production m’a dit : “Le budget des vaches, c’est par exemple l’équivalent du salaire de Catherine Deneuve.” Sauf que Catherine Deneuve, elle, elle ramène des spectateurs en salle… pas mes trente vaches malades ! »

Sur la filmographie de Hubert Charuel
Aurore Renaut : « J’ai entendu un entretien dans lequel vous dites que le premier film que vous aviez vu, c’était Cro-blanc. Et c’est intéressant, parce que les animaux sont importants dans votre filmographie. »
Hubert Charuel : « Ah merci ! C’est vrai, c’est marrant. Quand on a fait Petit Paysan, on s’était dit : là, c’est l’homme et l’animal (la vache). Et pour Météors, on s’était dit : là, ce sera uniquement des humains. Mais en fait, non : il y a une carpe, un chat, un chenil… Je crois qu’on ne peut pas s’empêcher de mettre des animaux. »

On se retrouve très bientôt pour une nouvelle masterclass de haut niveau… alors restez connectés !!